Jean-Luc Godard, tours et détours

Aujourd’hui, la différence entre documentaire et fiction, entre un film documentaire et un film du commerce, même s’il se dit artistique, c’est que le documentaire a une attitude morale qui n’existe plus guère dans le film de fiction. La Nouvelle Vague a toujours mêlé les deux, nous avons toujours dit que Rouch était passionnant parce qu’à force de documentaire il fait de la fiction, et que chez Renoir à force de fiction, il fait du documentaire. (Jean-Luc Godard, Le Monde, entretien avec Artavazd Péléchian, 1992)

Une programmation en association avec les Collections nouveaux médias du Musée national
d’art moderne et le rendez-vous mensuel Vidéo et après.

On commencera par un clin d’œil : comme le 7e art, le cinéma de Godard est né documentaire, avec la réalisation en 1954 d’Opération béton, que l’on se réjouit de présenter parmi cet ensemble de six séances – soit 11 films ainsi que les 12 mouvements de France, tour, détour, deux enfants (coréalisé avec sa compagne Anne-Marie Miéville, tout comme Soft and Hard), issu des collections Nouveaux médias du Musée national d’art moderne.

L’œuvre de Jean-Luc Godard est d’essence contestataire, et l’on ne parle ici que de sa dimension politique. Il a fait du cinéma en ne cessant de le contester, de le secouer en tous sens comme personne, en transgressant toutes les règles et frontières – bien évidemment celles entre la fiction et le documentaire, mais aussi entre cinéma, vidéo et télévision. De cette contestation rageuse sont nées des formes singulières, fondamentalement godardiennes : les expérimentations vidéo et télévisuelles, les évocations du cheminement créatif, les autoportraits, en solitaire ou en couple, les essais et méditations. Cette programmation rend hommage à ce génie, cette folle énergie de création.