Chacun vient à ce centre d’aide sociale situé à Manhattan avec un récit en forme de plaidoyer pour obtenir assistance. Les agents recevant les demandes sont amenés à le croire ou non. Et quand ce récit est approuvé, les employés de la meilleure volonté se trouvent parfois eux-mêmes être les victimes de la complexité, des impossibilités de leur bureaucratie.
Version restaurée 4K
Film de l’ensemble “Fatale société ?”
Par sa construction en huis clos dans une boucle temporelle proprement infernale et sa tonalité beckettienne, Welfare est une pièce maîtresse wisemanienne à propos des “damnés” de la société étasunienne. Cette idée fait retour avec Public Housing et le diptyque Domestic Violence, où les maux – pauvreté, addictions, violences, instruction et éducation défaillantes – sont autant de pièges se refermant sur les êtres. Mais le cinéaste avance avec comme seul dogme la complexité humaine, et un inégalable talent pour faire cohabiter une telle désespérance et cette qualité de regard, anti-spectaculaire, qui jamais n’enferme dans des poncifs et stéréotypes – si ce n’est pour
mieux les contrer. La damnation sociale n’est chez Wiseman jamais synonyme de condamnation, et il s’attache toujours à ce qui pourrait l’enrayer.