Projection

I GOT UP AT 8:59 AM OCT. 19 2021

de Bal-Blanc Pierre
00h56min, France, Grèce, 2023, Langue : français

Appartient au cycle : Cinéma du réel 2023

Le 31/03/2023
à 18h30

MK2 Beaubourg

50 Rue Rambuteau
75003 Paris

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Public visé :

Tout public

Le matin du 19 octobre 1961 s’étale largement dans la presse internationale le compte rendu des événements tragiques qui ont débuté le 17 octobre à Paris, frappé d’un couvre-feu à l’encontre des Maghrébins. Ce film tiré de l’œuvre de l’artiste conceptuel On Kawara, invite le spectateur à en revivre le récit.

Inséré entre deux courts plans introductifs et conclusifs, une séquence d’une cinquantaine de minutes présente l’éveil prolongé d’un jeune homme. Deux conversations téléphoniques avec un interlocuteur non identifié révèlent qu’il a participé l’avant-veille, aux côtés de ses collègues policiers, à la répression de la manifestation pour le droit à l’indépendance de l’Algérie du 17 octobre 1961. Au mur derrière lui, une carte postale de Lima au Pérou, extraite de la série qu’On Kawara envoya chaque jour à un destinataire différent jusqu’en 1979, mentionne l’heure de son réveil le jour du 19 octobre 1968. Quant à l’heure et la date du titre, ce sont celles où Pierre Bal-Blanc organisa, dans la galerie d’art contemporain parisienne gb agency – comme l’atteste la présence de visiteuses et de visiteurs silencieusement réunis autour du lit – la performance dont ce film est le document. I Got Up at 8:59 AM Oct. 19 2021 synchronise ainsi trois moments. Le premier est celui où la France, par la voie de certains journaux, put commencer à prendre la mesure du massacre commis par sa police. Le second est un événement anodin, d’ordre intime, porté par l’art dans la chronologie et la mémoire collectives. Le troisième, à mi-chemin de la réactivation d’une œuvre et d’une improvisation inspirée de faits réels, est une tentative de communier avec l’histoire depuis le présent. Le film qui en est tiré ne cherche pas à donner pleine consistance à un document que la performance aurait commencé de fabriquer, mais bien plutôt à tirer parti de cette possibilité, que le cinéma offre en propre, d’insérer, dans la durée d’un éveil de la conscience, la nécessité de toujours penser historiquement notre présent. 

Antoine Thirion

Publié le 07/03/2023 - CC BY NC ND 4.0