Présentation vidéo d’Alice Diop (cinéaste, sous réserve). En présence d’Éric Marty (essayiste et enseignant, auteur de l’ouvrage Sur Shoah de Claude Lanzmann, 2016)
Terme hébreux signifiant « anéantissement », « catastrophe », cet intitulé va largement participer au fait de renommer l’entreprise nazie de destruction des juifs en Europe. La parti pris est d’une grande audace et ambition : réaliser un film au présent sur des événements passés en se fondant sur la parole de témoins (survivants, bourreaux, habitants des environs de camps d’extermination) afin de redonner aux lieux leur caractère de centres de mise à mort. Shoah est un film hors norme dont la réalisation a pris 12 années, une immense œuvre de cinéma, un pan essentiel de l’historiographie de l’extermination.
« Ce qu’il y a eu au départ du film, c’est d’une part la disparition des traces : il n’y a plus rien, c’est le néant, et il fallait faire un film à partir de ce néant. Et d’autre part l’impossibilité de raconter cette histoire pour les survivants eux-mêmes, l’impossibilité de parler, la difficulté – qui se voit tout au long du film – d’accoucher de la chose et l’impossibilité de la nommer : son caractère innommable. » (Claude Lanzmann, Cahiers du cinéma, 1985)