Une ébullition emprisonnée
de Nayeon Lee
00h06min, 2022
Faire apparaitre l’image, en faisant d’elle-même, le temps d’une performance devenue film, une figure surgissant des ténèbres. (OZ)
Au pays du silence et de l’obscurité (Land des Schweigens und der Dunkelheit)
de Werner Herzog
01h25min, RFA, 1971
Fini Straubinger est aveugle et sourde depuis l’adolescence. Pour dialoguer avec elle, il faut former dans les paumes de sa main les signes d’un étrange langage tactile. Herzog filme son baptême de l’air, ses rencontres avec d’autres sourds et aveugles, observe le toucher qui l’attache au monde, écoute le récit de souvenirs et expériences.
Programme
Pour ma génération, l’aura du cinéma de Werner Herzog a été portée par son film légendaire Aguirre, la colère de Dieu. Ce n’est que bien plus tard que j’ai pu voir enfin Au pays du silence et de l’obscurité, qui nous fait entrevoir, par le biais d’une communauté qui se forme autour de Fini Straubinger, leur monde inouï et opaque – pour nous ou pour eux ? Ayant surmonté l’intimidation face à des oeuvres telles que celles de Herzog (et tant d’autres films bien sûr), j’ai eu la chance d’être devenu moi-même cinéaste, en grand partie parce que l’irruption du numérique a facilité l’acte de filmer. Et c’est en utilisant une caméra domestique que j’ai fait mon premier film en Amérique du Sud, continent que j’ai aimé grâce à Aguirre. J’ai souhaité aussi associer à cette intervention le film de Nayeon Lee, étudiante à l’Ecole Nationale des beaux-arts de Lyon.
Olivier Zabat est un artiste et réalisateur de films documentaires (Zona Oeste, 1/3 des yeux, Yves, Fading, Arguments). Il enseigne la vidéo et coordonne le pôle numérique depuis 2006 à l’École nationale des beaux-arts de Lyon.
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Ce cycle de ciné-conférences présente des cinéastes, des écrivains, des photographes, des peintres, des artistes travaillant dans les arts documentaires (qu’on pourrait appeler les arts de l’enregistrement, pour mettre en valeur le rapport qu’ils établissent entre le monde qui nous entoure et la question du point de vue ou du point d’écoute depuis lequel il est perçu et enregistré), afin de les entendre sur les formes du documentaire, sur le dialogue entre réalité et création, sur les frictions et les échanges entre les différents régimes de représentation ainsi que sur le rôle joué aujourd’hui dans les arts par le réalisme, le sensible et la fidélité feinte ou sincère à la réalité des choses.