Faire le portrait d’un homme hirsute en le suivant pas à pas dans les bois, observer froidement ses travaux et ses jours, compter les trous qu’il creuse et écouter ses chansons, voilà une des rares formes de récit possible au cinéma qui soit impraticable en littérature, même celle de Beckett qui nous parle pourtant d’un type qui fait passer des cailloux d’une poche à l’autre non sans les avoir longuement suçotés à mi-course. Pourquoi ? Sûrement parce qu’il manque à celle-ci le temps et la présence. Mais dans le film d’Antoine Boutet il y a quelque chose de plus. Entrant et sortant d’un cadre fixe et impassible qui semble lui préexister de toute éternité, le personnage donne parfois l’impression que c’est à lui qu’il revient de suivre la caméra, comme si pour celle-ci raconter consistait à être toujours déjà là.
Faire le portrait d’un homme hirsute en le suivant pas à pas dans les bois, observer froidement ses travaux et ses jours, compter les trous qu’il creuse et écouter ses chansons, voilà une des rares formes de récit possible au cinéma qui soit impraticable en littérature, même celle de Beckett qui nous parle pourtant d’un type qui fait passer des cailloux d’une poche à l’autre non sans les avoir longuement suçotés à mi-course. Pourquoi ? Sûrement parce qu’il manque à celle-ci le temps et la présence. Mais dans le film d’Antoine Boutet il y a quelque chose de plus. Entrant et sortant d’un cadre fixe et impassible qui semble lui préexister de toute éternité, le personnage donne parfois l’impression que c’est à lui qu’il revient de suivre la caméra, comme si pour celle-ci raconter consistait à être toujours déjà là.